Tony Chu, Detective cannibale de Layman et Guillory

Tony Chu a une étrange particularité, il est cibopathe, c'est à dire qu'il est capable de tout savoir sur ce qu'il mange. En gros, lorsqu'il mange une pomme, il sait de quel arbre elle provient et tout ce qu'elle a subit dans sa "vie de pomme". Là où cela devient plus désagréable, c'est lorsqu'on mange un poulet et que l'on revoit l'abattage et toutes les étapes dudit poulet. Et là où cela devient particulièrement intéressant, c'est lorsqu'on est flic...

 

Tony Chu, Détective cannibale

Scénario de John Layman

Dessin et couleurs de Rob Guillory

Éditions Delcourt

Tony est une jeune recrue de la R.A.S (Répression des Aliments et Stupéfiants), et dans ce cadre, il va devoir utiliser son don pour mener ses enquêtes.

Voici un comics des plus étonnants. Cette série fait déjà son trou aux États Unis, où elle se vend à près de 15 000 exemplaires par moi, et cela sans super-héros (malgré le "pouvoir" de Chu). Publié par le label Image, treize numéros y sont déjà parus.

Cette série multiplie les bonnes idées, en tête de liste, il y a évidemment cet étrange pouvoir qui fait de Tony Chu un être à part, mais qui inspire plus de dégout que d'admiration. L'utilisation de son don le mènera vers une certaine forme de cannibalisme avec tout ce que cela implique dans l'imaginaire collectif... Un héros cannibale, ce n'est pas commun !

Grippe aviaire, quand tu nous tiens !

La seconde idée provient sans conteste de l'univers créé par Layman : après une grippe aviaire des plus virulente, faisant des millions de victimes, une loi interdit toute consommation de produit venant des volailles. Ce postulat, tout extravagant qu'il soit, ne parait pas totalement improbable lorsqu'on voit certaine voie politique prise outre atlantique. Et cette interdiction de consommation n'est pas sans rappeler la prohibition, avec son réseau de contrebande qui s'organise en réaction.

La dernière idée vraiment sympa est cette utilisation systématique d'un humour noir décalé. Tony Chu est un exemple d'humour gore complètement décomplexé.

Du côté du dessin, on a un graphisme très « cartoonesque » qui détonne dans le monde du comics. On serait moins surpris de trouver ce type de graphisme chez un japonais plutôt que chez un américain.

Les deux auteurs manient tout cela brillamment tout en menant de front une intrigue principale mêlée d’intrigues secondaires intéressantes. Et ça, c'est très prometteur pour la suite ! Un premier tome... succulent, qui se consomme sans modération avec un peu de ketchup et de la mayonnaise pour masquer les relents de digestion de Tony...

Benjamin