Spin, de Robert Charles Wilson
La science fiction est souvent une histoire de concepts, de postulats qui permettront aux écrivains d'imaginer les choses les plus folles. Dans le domaine, Spin met le paquet !
Spin
Robert Charles Wilson
Folio SF
Une belle nuit d'octobre Tyler Dupree et les jumeaux Lawton, Diane et Jason vont être les témoins d'un évènement hors du commun : les étoiles vont disparaître. Toutes les étoiles. Chaque nuit, la voute étoilée ne sera plus, le ciel sera d'une opacité totale. Que s'est-il passé ? Cette question va dorénavant obséder Jason Lawton. Cette obsession sera l'obsession de toute une vie.
Depuis cette belle nuit d'Octobre, la terre est enfermée dans le Spin, sorte de grand "sac" dans lequel la Terre est confinée. Dans ce sac, le temps semble passer à une vitesse normale. A chaque seconde terrestre s'écoule 3,7 années en dehors du spin... A ce rythme là, lorsque la terre vieillit d'un an, le reste du système solaire vieillit de plusieurs millions d'années. Il ne resterait qu'une cinquantaine d'années à cette bonne vieille terre avant une apocalypse inévitable.
Et une claque magistrale, une !
Je vous ai fait part de ma précédente lecture de Robert Charles Wilson, il s'agissait d'une variation sur le voyage dans le temps qui m'avait beaucoup plu : A travers temps. Cette fois encore, l'auteur canadien m'a permis de prendre une claque magistrale. Ici, le postulat de base permet des extrapolations extraordinaires et souvent vertigineuse que rien ne semble arrêter.
Raconté par le biais de Tyler Dupree, on est happé par ce récit et on ne peut quasiment pas s'en échapper, les trois personnages sont étudiés au maximum, à aucun moment la psychologie de l'un deux n'est laissée de côté. Avec cette approche psychologique, Robert Charles Wilson réussit à donner une allure de roman "classique" à ce récit purement science fictionnel. Ce roman a plusieurs facette, l'une carrément hard-science (cf ma définition du hard science), où l'on peut découvrir des mots comme "ecopoïèse" (ou ça existe) ou des expressions de types "réplicateurs autoreproductibles de Von Neumann" et l'autre s'approchant de la saga familiale. La performance est de taille...
Le dernier aspect developpé et non des moindres correspond au regard de Robert Charles Wilson sur l'humanité. Le moins que l'on puisse dire est que l'auteur de Toronto n'a pas une grande foi en l'espèce humaine. Entre cynisme et réalisme, sa vision empreinte de pessimisme fait froid dans le dos tant l'analyse semble pertinente.
Une oeuvre de tout premier plan qui se prolonge par deux romans : Axis dans la collection Lunes d'encre de Denoël et Vortex pas encore traduit.
Benjamin