Samuraï, le guide de lecture par Manu.
Nous avons décidé de consacrer quelques articles à un genre bien particulier concernant les samuraïs. Cette série d'articles a démarré hier avec le premier cycle de la série de Genêt et Di Giorgio. Aujourd'hui, nous vous proposons une contribution d'un de nos clients : Manu, que vous pouvez lire régulièrement si vous lisez lmes commentaires de ce blog.
Manu est ce genre de client que nous autre libraires apprécions particulièrement, outre le fait qu'il dépense pas mal d'argent dans notre humble officine, c'est un client qui adore parler BD, et avouons le, les discussions sont souvent animés avec lui !
Lecteur passionné, écrivain à ses heures, il nous livre aujourd'hui un petit guide de lecture autour des samuraïs. Merci à lui pour cette contribution de très bonne qualité !
Samuraï, le guide lecture.
Le vent des dieux
(Glénat - 16 volumes – Cothias/Adamov (5 tomes) puis Gioux)
Lancée en 1985 dans la collection « vécu », cette série est sans doute l’une des premières histoires de samouraï produite par des auteurs franco-belges. Le premier cycle de 5 tomes constitue une histoire très solide, sans concession dans la violence et le sexe, et résolument encrée dans un contexte réaliste. Adamov, l’artiste, est une référence dans le milieu, et son trait élégant se prête particulièrement bien aux excès imaginés par le monstrueusement prolifique Cothias, le géniteur du très reconnu « les sept vies de l’épervier » et de sa multitude de spin-off.
Kogaratsu
(Dupuis – 12 volumes – Bosse/Mitchez)
La référence en la matière. S’il ne devait rester qu’une série sur le sujet, ce serait sans doute celle-ci : elle a l’ancienneté, le cachet et la philosophie. Crée en 1985, elle a tout d’abord mis en scène une histoire dense et solide en 4 tomes, mêlant action et honneur, amour et intrigues politiques, tout ce qui faisait le sel de l’époque féodale, en tout cas d’un point de vue purement romanesque. Ensuite, la série s’attache à suivre les pas d’un héros plus mûr, plus sage, au travers des one-shots très réussis. Le dessin, qui a évolué au fil des albums pour devenir de plus en plus maîtrisé, est particulièrement soigné, et parvient à saisir à la perfection l’essence même de cette autre culture, où raffinement et barbarie se côtoyaient avec tant de complexité qu’il s’agissait carrément d’un art de vivre.
Samouraï
(Soleil – 6 volumes – Di Giorgio/Genêt)
Cette fois, plus question de coller à une ambiance d’époque ! « Samouraï » s’aventure dans le fantastique et explore un orient fantasy. L’histoire est plutôt prenante, malgré un quatrième tome décevant dans le final du premier cycle. Le dessin est inégal, quoique prometteur : le design du héros est très réussi, de même que les compositions de certaines planches, les plans larges et ceux plus resserrés notamment sur les regards façon westerns spaghettis ; mais certaines cases sont confuses, de même qu’apparaissent parfois des erreurs de morphologie ou des visages pas très réussis. Cela dit, ce n’est sans doute qu’une question de temps avant que l’auteur parvienne à maturité, et ses premiers travaux valent d’ores et déjà la peine de s’y intéresser. Une série à suivre.
Ronin
(Panini – Miller)
Frank Miller est un dieu ! Pour s’en convaincre, il suffit de consulter sa bibliographie : après avoir ressuscité le Daredevil de Marvel dans les années 80, il a dynamité le genre super-héroïque en faisant du Batman de DC un héros réactionnaire et ultraviolent (Dark Knigth Returns – Panini), créant sans le vouloir un genre à part entière, plus sombre, baptisé grim and gritty. Il est aussi à l’auteur de l’étonnant polar noir et urbain Sin City, ainsi que de 300, œuvre controversée sur le fond mais d’une rare maitrise graphique.
Mais ce qui nous concerne aujourd’hui, c’est un travail moins connu du maître au succès mitigé, bien qu’ayant fait l’objet de trois éditions en France : Ronin. Inspiré graphiquement par le mangaka Goseki Kojima dont il avait produit les couvertures de l’édition américaine (et française) de la série culteLone Wolf and cub, Miller livre une fois de plus une tuerie visuelle au service d’une histoire d’anticipation noire et violente. Dans un futur proche où la technologie high tech cotoie une société en déliquescence, un Ronin surgi du passé et son ennemi, un démon surpuissant, reparaissent dans le monde… Et forcément, ils veulent régler leurs comptes !
Lone Wolf and Cub
(Panini – 27 volumes – Kazuo Koike/Goseki Kojima)
Le manga de Samouraïs culte ! Un incontournable enfin traduit en France, dont le légendaire Frank Miller lui-même s’est inspiré (voir Ronin). Lone Wolf and Cub retrace la vie, pas forcément dans l’ordre, du loup solitaire, tueur à gages cherchant à se venger d’un clan ayant sali l’honneur de sa famille. Le fil directeur –la quête de vengeance- est plutôt ténu dans les premiers tomes, où les récits s’enchaînent sans cohésion telles des nouvelles indépendantes. Puis l’intrigue principale se met en place doucement jusqu’à un final… qui n’est pas encore paru en France ! Le dessin est particulièrement maîtrisé, parvenant à restituer toute la palette d’émotion et d’action des protagonistes dans la violence, le silence et la dignité. Un grand manga, qui prend les tripes et émeut l’âme.
Kenshin le vagabond
(Glénat – 28 tomes – Nobuhiro Watsuki)
Bon, il est ici aussi question de samouraï, et de nombreuses références historiques permettent d’apprendre pas mal de choses au sujet de la transition entre l’ère Edo et l’ère Meiji, au travers de l’évolution du héros, Kenshin, ancien assassin renommé sous le nom de Battosaï et reconverti en vagabond. Le traitement est résolument orienté combats tels que vus dans Saint Seiya ou Dragon ball, plutôt bien fichus et particulièrement dynamiques et prenants. Ceux qui aiment les mangas précités ne peuvent qu’aimer celui-ci. Pour les autres, mieux vaux se concentrer sur d’autres travaux peut-être moins orientés ados.
Vagabond
(Tonkam – X volumes - Takehiko Inoue)
Quand l’auteur du très populaire Slam Dunk (manga de basket ball paru chez Kana) s’attaque au mythe du légendaire Samouraï Miyamoto Musashi en adaptant le roman d’Eiji Yoshikawa, la pierre et le sabre, cela donne Vagabond. Un manga à la narration très, très décompressée, aux combats à rallonge d’une violence hallucinante, soutenus par un trait particulièrement nerveux. Difficile de dire si l’adaptation est fidèle à l’original, je n’ai pas lu au-delà du dixième tome faute d’opportunité.
L’âme du Samouraï
(Delcourt – 2 tomes – Marz/Ross)
Place au choc des cultures ! Ou que se passerait-il si un samouraï vaincu décidait, au lieu de mourir pour laver son honneur après une bataille perdue, de traverser le monde pour sauver la femme qu’il aime ? L’âme du Samouraï répond à cette question au cours de deux tomes d’action pure soutenue par un graphisme très propre et efficace, très adapté au style mais un peu impersonnel. L’esprit du Bushidô n’y est pas forcément très bien restitué, mais ce n’est pas le but, qui est plutôt de s’amuser à projeter des japonais dans des sociétés occidentales, avec des clins d’œil appuyés à la littérature de l’époque. Une série très sympathique, qui a le bon gout d’être complète. Et malgré une vision très occidentale du concept, ça reste une belle histoire d’amour.
Okko
(Delcourt – 6 volumes sur 10 prévus – Hub)
Dans un japon médiéval fantastique, le Pajan, le ronin Okko et ses acolytes traquent les créatures malignes au gré de leurs contrats. A ce jour, trois histoires de deux tomes sont parues, et racontent les tribulations de l’équipe au travers de la narration de l’un d’entre eux devenu vieux. Les intrigues sont très intéressantes et se paient le luxe de distiller des éléments sur le passé des héros tout en demeurant indépendantes. Les planches sont colorées et magnifiques, avec trait rond et élégant qui convient à merveille à restituer des scènes d’action trépidantes. Une très, très bonne série.