Nous ne serons jamais des héros
Michaël Bansart est un jeune célibataire, un peu glandeur, un peu looser, pas mal paumé et surtout au chomage en CGI (contrat galère indéterminée). Sa soeur Christine, elle c'est plutôt la bobo de service. Leur père, Charles, est un accidenté de la route. Sa femme y est morte, quant à lui, il est resté infirme.
Les relations entre ces trois-là sont un petit peu compliquées.
Un jour, Charles appelle Michaël. Il lui propose un tour du monde. Sur les traces des voyages qu'il a fait avec sa femme dans les années 70.
Nous ne serons jamais des héros.
Dessin de Frédérik Salsedo.
Scénario d'olivier Jouvray.
Couleur de Greg Salsedo.
Édition du Lombard
SORTIE LE 4 JUIN
"Nos parents n'ont pas connu la guerre mais ils ont eu les couilles de faire la révolution, ce sont les héros de 68... Nous, on a ni guerre ni révolution à faire. Pas d'adversaire à combattre, pas de parents à affronter... Si on cherche à se distinguer d'une manière ou d'une autre, une marque de pompes ou un déodorant va s'empresser de récupérer tes idées pour vendre des merdes en masse... On sera jamais des héros, faut faire le deuil de ce vieux fantasme. On doit réussir notre passage sur terre d'une autre manière."
Voilà le discours désabusé que tient Lucy, un des personnages de cet album, à notre héros. Cette histoire, en forme de road movie, est-elle pour autant un album du désenchantement et du cynisme ? Absolument pas. Cette phrase, plutôt emblématique d'une génération qui se cherche, est celle qui permettra peut-être à Michael de trouver sa voie.
Cet album, plutôt atypique est une vraie réussite. Les personnages de Michael et de Charles sont très touchants et sont abordés sans pathos. On découvre plusieurs thèmes : les relations père-fils, la culpabilité, l'amour, l'avenir... C'est également un album du passage de relais entre deux générations. Un excellent scénario d'Olivier Jouvray.
Côté dessin, on retrouve avec plaisir les frères Salsedo, Frédérik au dessin et Greg à la couleur. Ils se sont déjà rendus coupable des cinq albums de la série Ratafia, et s'ils ont abandonné le côté très "toonesque" de la série de piraterie farfelue pour un trait beaucoup plus réaliste, et bien "chassez le naturel et il revient au galop !" Ainsi on retrouve ce côté "toon" dans certaines scènes, ce décalage entre un trait réaliste et des expressions plutôt "toon" offre un contraste plutôt étonnant au départ mais au final, on s'y habitue et on se rend compte que cela apporte une certaine légereté plutôt bien sentie.
Olivier Jouvray, Frederik et Greg Salsedo est un trio qui fonctionne merveilleusement bien. Merci à eux pour cet excellent album.
Benjamin
Retrouvez en parallèle une chronique de cet album par Yanneck.