L'oiseau d'Amerique de Walter Tevis

Publié le par librairie glenat

Ces derniers temps, je vous ai beaucoup parler de science fiction, j'ai évoquer longuement le space opéra, j'ai parlé de la hard science-fiction, (Flashforward ) maintenant, je vais vous parler de la science fiction dystopique, aussi appeler contre-utopie (mais je préfère dystopie, quand on dit "oui, je suis en train de lire un roman dystopique", on a l'air super intelligent, alors que lorsqu'on dit je lis de la SF, ça fait moins impressionnant...).

 

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Walter Tevis

Folio SF

 

Spofforth est un robot de classe 9. Il est même l'ultime robot de cette classe de robot. Comme tout classe 9, il a bénéficié de la copie d'un cerveau humain, mais contrairement aux 99 autres classe 9 qui ont existés, Spofforth n'a pas la capacité de se suicider, il est virtuellement immortel, et il maudit cette immortalité.

 

Sex, drug & Television

 

Nous sommes dans un futur éloigné. L'humanité est décadente, elle ne vit que pour la drogue, la télé, et le sexe. Des concepts sont inculqués à chacun afin de régir les comportements humains : "obligeance de vie privée", "sexe vite fait, sexe bien fait", "relax, pas de question", phrases qui sont répétées comme des mantras par chaque humain... Enfin, tout est fait pour éviter aux humains de prendre des décisions et d'exercer des tâches pénibles, les robots se chargent de tout, et en haut de la hiérarchie se situe les classes 9. Et Spofforth est le dernier des classes 9.

 

  Dystopie, dystopie, est-ce que j'ai une gueule de dystopie ?

 

Oui, j'ai fait le gars intelligent en sortant ma phrase "oui, je lis un roman dystopique", mais fini de faire le malin, va falloir que je m'explique. La SF dystopique est une SF d'anticipation qui montre un monde qui a poussé à fond une utopie ou une "idée du monde", l'exemple le plus célèbre de dystopie est 1984. George Orwell imagine un monde ou le schéma communiste stalinien est poussé au fond de sa logique de contrôle et d'omniprésence, on a ensuite Le Meilleur des Mondes, dans lequel Aldous Huxley imagine un monde ou on a supprimé toute notion de souffrance. A la base de ce genre, on trouve un auteur russe des années 20 : Ievgueni Zamiatine. Nous autres est le titre de son roman, il y décrit un futur ou tout est fait pour le bonheur, même au détriment des libertés de chacun. On trouve dans ce roman les bases de ce que seront 1984 et Le Meilleur des mondes.

Bien d'autres exemples existes : Fahrenheit 451  de Ray Bradbury (maccarthysme), Tous à Zanzibar de John Brunner (eugénisme) ou encore les Monades urbaines de Robert Silverberg (abolition complète des tabous).

On appelle aussi ces romans : des contre-utopies car ces fictions ont volonté de se situer aux antipodes des ouvrages tels ceux des Thomas More, de Karl Marx, d'ailleurs le communisme est souvent la cible des dystopies... qui placerait le conditionnement au coeur de la construction du bonheur à l'échelle d'une société.

 

Une oeuvre majeure

 

Après cette grande parenthèse, revenons à notre Oiseau d'Amérique. Le récit est narré par le point de vue de trois personnages, Spofforth le robot, dernier classe 9, doyen de l'université de New York et peut-être dernier être réellement intelligent sur terre. Paul Bentley, professeur d'université qui fait la découverte d'une technique oubliée : la Lecture et par conséquent les livres et enfin Mary, jeune femme à l'esprit anti-conformiste perdue dans ce paradis artificiel qu'est devenu la terre.

Ce roman a une force époustouflante, j'ai choisi ce livre pour mes lectures estivales un petit peu par hasard, et cette histoire a eu un véritable impact sur moi. Habilement écrit, joliment égayé par des poèmes issus de la poésie américaine contemporaine, c'est à mon sens un ouvrage majeur de l'anticipation.

Ce récit en forme de parabole donne une description de l'évolution de l'humanité très plausible et particulièrement effrayante, est-il surréaliste de penser que nous sommes, en tant que société humaine, capable de nous enfoncer éperdument et aveuglément dans un consumérisme et un individualisme forcené qui pourrait nous mener à l'avenir décrit par Walter Tevis ? C'est à craindre que oui, espérons que non.

 

Benjamin

Publié dans Nos Chroniques

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C
<br /> <br /> Ben je note d'autant plus. Mais comme je suis fauchée, faudra qu'il pointe le bout de son nez en seconde main (mais je vais aussi en parler à la bibli).<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C'est un poche, tu as des chances de le trouver d'occases pour pas grand chose.<br /> <br /> <br /> Benjamin<br /> <br /> <br /> <br />
C
<br /> <br /> Je n'en avais pas entendu parler de celui-là... Je note, il m'intrigue.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> C'est vraiment un chef d'oeuvre. En SF, en dehors de Spin, c'est vraiment le bouquin qui m'est le plus enchanté cette année. Toi qui aime tout ce qui est dystopique, il faut VRAIMENT que tu<br /> découvres cet ouvrage. Je t'assure que tu ne peux être déçu !<br /> <br /> <br /> Benjamin<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Je lui ajoute une petite croix rouge de priorité alors!<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> YEAH !<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Benjamin<br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> <br /> Après 1984 j'ai envie d'essayer un peu plus de dystopies. C'est intéressant, ça fait réfléchir sur notre monde et sur la nature humaine.<br /> <br /> <br /> J'ajoute ce titre à ma liste.<br /> <br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> L'oiseau d'Amérique est vraiment très bien écrit, ça coule de source, je dirais même qu'il est d'une lecture plus facile qu'un 1984. C'est vraiment un très beau roman. Ma chère et tendre l'a lu<br /> cette été (ce n'est pourtant pas une grande lectrice de SF) et elle a beaucoup apprécié.<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> Benjamin<br /> <br /> <br /> <br />