A travers temps, de Robert Charles Wilson
Archer Intervint: "Qui êtes vous ?"
L'homme sourit, mais juste un peu. Il doit savoir à quoi il ressemble se dit Catherine. Quand on a les lèvres presque transparentes, mieux vaut éviter de trop sourire. L'effet est différent. "Je m'appelle Ben Collier, indiqua-t-il.
-Ben, répéta Archer. Ben, je voudrais savoir quel genre de chose vous êtes au juste ?
-Je suis un voyageur temporel", répondit Ben.
A travers temps.
Robert Charles Wilson
Edition Denoël
Collection Lunes d'Encre
Il y a de ça une dizaine d'années, une jolie petite fée m'a offert un livre de Robert Charles Wilson, il s'agissait de Darwinia publié en Folio SF. Ce roman d'aventure et d'exploration m'avait captivé d'un bout à l'autre, d'une écriture légère, ce roman revisitait un genre on ne peut plus classique avec brio en le mélangeant délicatement avec le genre uchronique, on regrettait juste que l'auteur n'ait été totalement au fond de ses idées.
Pour je ne sais quelle raison, malgré mon enthousiasme pour Darwinia, je n'ai plus relu Robert Charles Wilson. Il y a quelques jours, devant la pauvreté abyssale en terme de nouveautés de ce mois de juillet, je choisis de lire A travers temps, le dernier roman de Robert Charles Wilson paru dans la collection Lunes d'encre de Denoël, quelle bonne idée j'ai eu là !
Un pied dans la quatrième dimension
Allez, entrons dans le vif du sujet :
Tom Winter est un gars tout ce qu'il y a de plus ordinaire avec même une petite tendance à se laisser aller à son coté looser. Plaqué par sa femme, il a perdu son boulot et a sombré dans l'alcool. Lorsqu'il décide de s'en sortir, il repart dans l'ouest, dans la petite ville de Belltower où il a grandit au nord-ouest des Etats Unis. Il y achète une maison et entame un job dans une concession automobile. Mais cette maison a quelque chose d'étrange. Dans un lieu complètement reculé, elle semble échapper au vieillissement et à la crasse, mieux, le ménage semble se faire tout seul. Lorsque Tom Winter a franchit le seuil de cette maison, aurait-il mis un pied dans la quatrième dimension ?
Le commun des mortels face au fantastique
Robert Charles Wilson aime confronter ses personnages au fantastique, à l'irréel, à l'inconcevable. Dans A travers temps, il va les confronter au voyage dans le temps, à ses possibilités et à ses paradoxes. Le voyage temporel est un sujet classique de la science fiction, il s'agit même d'un des sous-genres "historique" de la SF, H.G. Wells, avec sa Machine à voyager dans le temps, Paul Anderson avec sa Patrouille du temps, Asimov, ou encore J.K. Rowling avec Harry Potter (dans le troisième tome) ont exploré les possibilités du voyage dans le temps.
Robert Charles Wilson ne va pas explorer toute les possibilités de ce genre, son objectif se situe réellement au niveau de ses personnages, il cherche à les confronter avec cette part de fabuleux pour les faire avancer. Les personnages sont très bien retranscris et une véritable empathie s'installe, principalement centrée sur le Tom Winter issu de la fin des années 80 et Joyce, la new yorkaise des années 60. Ses personnages ont une réelle profondeur et les portraits sont d'une extrême justesse.
Le style vif et précis nous entraîne dans cette aventure avec une certaine douceur, on se laisse porter sans jamais être brusqué et on voyage dans le temps avec un plaisir évident. Jamais Robert Charles Wilson ne tombe dans la démesure ou le spectaculaire comme on en a trop souvent l'habitude, même quand le récit vire à la chasse à l'homme, on garde cette mesure et on n'oublie jamais que les personnages font partie du commun des mortels, qu'ils sont comme vous et moi, qu'ils ont des sentiments, des peurs des émotions.
Un américain à Toronto.
Ce roman fut publié en 1991 aux Etats Unis, il fallut attendre 2010 pour enfin, le voir arriver sur les tables de nos librairies, cette publication, on la doit sûrement à l'énome succès qu'est Spin. Roman sorti en 2006, il avait raflé haut la main le prix Hugo ainsi que le Grand prix de l'imaginaire. Auteur d'une quinzaine de romans, il s'imposent peu à peu comme un des grands noms de la science fiction moderne. Américain de naissance, il vit actuellement à Toronto, il a d'ailleurs pris la nationnalité canadienne. II y rejoint certains des auteurs les plus en vues de la SF moderne comme Robert J. Sawyer ou l'inévitable maître du cyberpunk William Gibson. Conclusion, au Canada, on fait de la sacrée SF !
Bon, sur ce, il faut que je vous laisse, je vais aller lire Spin !
Benjamin